Le Gabon vient de frapper un grand coup ! Une saisie record de 2 778 kilos de cannabis a été réalisée lors de l’opération Black Mamba, orchestrée par l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) avec la collaboration des forces de sécurité. Tout y est : code-nom hollywoodien, photo de la cargaison, chiffres impressionnants, et incinération publique en grande pompe. Mais derrière la mise en scène digne d’un film d’action, une question embarrassante reste suspendue dans l’air... D’où venait réellement cette montagne de cannabis et par quel miracle est-elle entrée sur le territoire sans que personne ne voie rien ?
Un éléphant dans le salon... qu'on fait semblant de ne pas voir
Si l’on en croit les autorités, la drogue était bien là, posée sur notre sol, comme tombée du ciel. Sauf qu’à ce niveau de quantité, on ne parle pas d’un petit dealer de quartier, mais d’une véritable logistique de cartel, avec réseaux, itinéraires et complicités en pagaille. Et pourtant, silence radio sur l’origine, le mode d’acheminement, et surtout sur les cerveaux derrière ce trafic. On a la drogue, on a les "passagers sans papiers", mais aucun baron, aucun logisticien, aucun complice local n’a été interpellé. Un oubli ? Une coïncidence ? Ou tout simplement un tabou trop risqué à briser ?
La guerre contre la drogue... en surface seulement ?
Officiellement, le gouvernement est engagé dans une guerre sans merci contre les stupéfiants. Sauf que cette guerre ressemble étrangement à une pièce de théâtre où l’on fait tomber les feuilles mortes sans jamais oser s’attaquer aux racines. L’opération Black Mamba, aussi spectaculaire soit-elle, ne démantèle aucun réseau, ne fait tomber aucun nom connu, ne révèle aucune structure criminelle. Bref, c’est une opération "orpheline", sans parents, sans commanditaire, sans bénéficiaire. Un miracle botanique à la gabonaise.
Une insécurité verte ?
Le comble ? Cette drogue a été saisie sur des zones protégées. Les parcs nationaux, censés préserver la biodiversité, sont donc aussi devenus des corridors pour le narcotrafic. Ironie mordante : pendant que les éléphants fuient les braconniers, les trafiquants eux, entrent et sortent librement, chargés de cannabis. À croire que nos aires protégées protègent surtout les affaires illégales…
Un Black Mamba sans morsure
Le Colonel Hubert Ella Ekogha, conseiller spécial du Président et directeur technique de l’ANPN, a salué la coopération entre forces de sécurité. Certes, l’effort est à souligner. Mais il est peut-être temps de passer de la communication de crise à une politique de rupture, qui s’attaque enfin aux circuits de financement, aux complicités locales, aux failles douanières et aux autorités silencieuses. Car tant que les véritables architectes du trafic continueront de circuler en col blanc pendant que l’on parade avec des ballots de cannabis, la guerre contre la drogue restera une belle illusion… parfumée.
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