Plus de deux semaines après avoir annoncé un confinement partiel dans l’ensemble du pays, il était désormais très attendu sur les mesures d’accompagnement visant à soulager les populations. Ali Bongo s’est finalement exprimé hier, vendredi 03 avril. Le président de la République a annoncé des mesures sanitaires, sociales et économiques qui suscitent plus de critiques que d’applaudissements.
Lesquelles décisions au mieux, seront difficilement applicables, au pire n’auront aucun impact considérable dans la lutte contre la pandémie et la prise sociale en charge des populations. Si l’annonce d’un dépistage de masse est à saluer, l’on note cependant qu’Ali n’a pas indiqué, si à ce jour, le pays possède la quantité de tests nécessaires (soit près deux millions) pour mener cette opération de grande envergure. Comme il a volontairement omis de communiquer sur les capacités réelles de nos structures sanitaires à faire face à une augmentation des cas de contaminations. Nombre de lits ? Evaluation du personnel soignant ? Etat des structures sanitaires dans la capitale et dans l’arrière-pays ? Résolution des points de revendications des agents du secteur santé.
Sur les mesures d’aides massives, Ali Bongo a annoncé entre autres, que l’Etat va injecter 4 milliards de Fcfa par mois pour le paiement des factures d’électricité et 2 milliards pour les factures d’eau. Ce qui en soit est une bonne, sauf que lesdites mesures, d’après Ali Bongo, ne vont concerner que les Gabonais économiquement faibles (GEF). Mais alors qu’en est-il des gabonais salariés dont les activités sont en berne à cause du confinement ? Qu’en est-il des ressortissants étrangers dont les activités sont aussi impactées par le confinement ? N’aurait-il pas été plus simple de généraliser la gratuité de l’eau et de l’électricité tout au long de cette période de crise ?
Que dire de la mesure relative à la suspension de la perception des loyers pour les personnes sans revenus, si ce n’est que cette décision n’a aucune chance d’être effective. Tant il sera fastidieux de dresser la liste de toutes les personnes sans revenus en cette période de crise. Parce que, outre les fonctionnaires, la notion de « personnes sans revenus » est désormais extensible à toutes les personnes qui bien qu’ayant une activité n’ont plus la possibilité d’avoir un revenu du fait du confinement partiel. Pire, Ali Bongo n’a pas indiqué les modalités de redistribution du fond d’aide de 2,5 milliards pour les petits propriétaires ? Quid des grands propriétaires ?
Tant d’incohérences qui font dire à Geoffroy Foumboula Libeka, membre de la société civile, qu’à la lecture de ces mesures, il ressort clairement qu'elles vous ont été suggérées par ces personnes qui, le 25 dernier, sont allés prendre l'intégralité de leurs gros salaires et primes pendant que des pauvres citoyens vivants de leurs petits commerces ne semblent toujours pas comment joindre les deux bouts.
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