Le métier de la forêt en Afrique centrale ne s’improvise pas. Il demande de la motivation, de solides compétences et un engagement fort de ses acteurs sur le terrain. Et parmi ces acteurs figurent les habitants de zones souvent reculées et dont le quotidien est éloigné des préoccupations d’un investisseur étranger. Les respecter et obtenir leur adhésion constitue un impératif.
La logique d’un opérateur financier est orientée prioritairement sur le profit à partager avec ses actionnaires. Elle est radicalement différente de la recherche de rentabilité d’une PME, obtenue au prix d’un travail collectif sur le terrain et en harmonie avec les populations autochtones.
Entré en décembre dernier au directoire de la société de négoce londonienne Woodbois LTD, cotée à la Bourse (marché AIM, destiné aux PME, NDR), M. Guido Theuns est en train de fournir à ses interlocuteurs et salariés gabonais, tout comme à ses associés et actionnaires, un exemple de ce qu’il convient d’éviter lorsque l’on veut développer une vitrine rassurante de l’activité et atténuer l’impression dérangeante du côté spéculatif.
En moins de quatre mois, la filiale Woodbois Gabon (WBG) est ainsi à deux doigts d’une faillite magistrale, en raison de comportements d’un autre temps et d’une obstination qui relève de l’aveuglement.
Il y a quelques semaines, M. Theuns exposait dans les colonnes de Gabon Review ses ambitions et ses promesses, en marge d’une tournée à vocation de promotion chez nos décideurs politiques. Cependant, les mêmes causes produisent les mêmes effets : les actes de M. Theuns sont encore et toujours à l’opposé de ses déclarations, comme nous avons pu le constater.
Mais comment peut-on arriver à un tel degré d’enlisement en aussi peu de temps ?
En premier lieu, cela tient à une méconnaissance du milieu, sans intention réelle de s’y adapter, de la part du PDG et de sa Directrice Gabon, rodés sur le volet de la communication, mais peu impliqués sur le terrain et ne manifestant aucune empathie envers les salariés. Ces personnels sont ainsi victimes d’un management aussi caricatural et autoritariste qu’inefficace. À cela s’ajoute le train d’impayés et autres ardoises laissés dans leur sillage au gré de leurs activités et déplacements.
Avant d’aborder les conséquences sur les activités d’une pareille gestion, il est important de comprendre de quoi on parle exactement quand on évoque Woodbois.
Woodbois Ltd est avant tout une structure financière basée à Londres et enregistrée dans le paradis fiscal de Guernesey. Elle est détenue par un petit noyau d’investisseurs (Europe et Afrique du Sud) dont un des objectifs actuels est de développer une activité de revente de crédits carbone au Gabon, en exploitant les superficies d’exploitation d’une PME forestière acquise à Mouila et baptisée Woodbois Gabon.
Détail essentiel, Woodbois Ltd se nommait auparavant Obtala Ltd. Elle s’est rebaptisée Woodbois Ltd lors du rachat de la PME gabonaise. Un ancrage d’activités au Gabon était jugé en effet potentiellement très lucratif. Son ex PDG, Paul Dolan, estimait ainsi en juillet 2023 que 65M USD pouvaient générer 30 MUSD de crédits carbone, plus des crédits annexes issus du volet biodiversité.
L’organigramme d’Obtala Ltd, peu avant la ‘’bascule’’ Woodbois, est un modèle typique de prises de participation et de spéculation financière, avec des hébergements répartis dans des paradis fiscaux. Il ne peut qu’inciter à la méfiance, car les revenus tirés de ces montages ne profitent qu’à un très petit nombre de personnes…
Point intéressant, M. Theuns représente les intérêts d’un homme d'affaires monégasque, Hugh Wade-Jones, qui a acquis en 2023 près de 22% des actions de Woodbois Ltd. Il possède également les sociétés de conseil en dette Enness Global et Tenn Capital, en partenariat avec le fonds spéculatif américain Elliott Management. A la même époque, Woodbois Ltd émettait 1,2 milliard de titres, en raison d’un énorme besoin de financement, résultant d’un endettement excessif (ce qui est toujours le cas, NDR).
Et pour vendre au mieux ses actions, cette société n’hésite pas à publier des affirmations mensongères dans la presse financière (exemple ‘’Zonebourse’’) ou sur son propre site, déformant la position des pouvoirs publics gabonais en matière d’attribution de surfaces ou de permis. Ce qui revient à manipuler les cours de la Bourse…
Pour clore cette parenthèse, un peu technique mais essentielle pour comprendre ce que cachent les beaux sourires de M. Guido Theuns, Woodbois Ltd va devoir publier ses résultats, notamment pour rassurer ses actionnaires et maintenir une valeur élevée aux titres émis en Bourse.
Cette échéance importante risque néanmoins de se transformer en douche froide, pour deux raisons : un empilement de difficultés annonciatrices d’une faillite au Gabon et, parallèlement, une cotation boursière en dégringolade. Les actionnaires ont peut-être eu vent des déboires de WBG et deviennent particulièrement méfiant, car les résultats actuels n’inspirent pas confiance…
Quelle est la situation de Woodbois Gabon à ce jour ?
WBG doit faire face à quatre enjeux principaux : la gestion des personnels salariés de l’entreprise, au siège de Libreville et sur le site d’exploitation de Mouila ; le chantier inachevé de rénovation de l’axe Mimongo – Pont Offoué ; l’activité forestière, principale source de revenu de l’entreprise au Gabon ; et enfin, sa situation financière, notamment dettes, impayés et fiscalité de l’entreprise.
La gestion des salariés est pour le moins désastreuse. Les retards de salaires s’accumulent et le mécontentement au sein des équipes est palpable. Des mises à pied ‘’à titre conservatoire’’ sont décrétées, sous forme de lettres caricaturales (pour chacune, on change juste le nom du salarié et la date de ‘’convocation’’ à un entretien censé justifier la décision, sans apporter aucune preuve à des reproches vagues et infondés). Certains employés et cadres préfèrent démissionner plutôt que de subir les humeur de Madame la Directrice.
Le chantier inachevé de Mimongo devait reprendre le 20 mars. Pour tenter de sauver sa crédibilité, M. Theuns est parvenu à positionner in extremis quelques engins hors d’âge, en piteux état technique (pelleteuse) ou même en panne (niveleuse), le tout confié aux bons soins d’un malheureux chef de chantier laissé seul en rase campagne et sans soutien pour mettre en œuvre ces moyens improbables et poursuivre sérieusement les travaux. Ce décors en carton-pâte n’a pas résisté à une inspection de l’Agence de Régulation de Marchés Publics, dont les membres ont constaté, ce 19 avril, l’impossibilité de respecter les engagements formulés devant le Ministre des Travaux publics. Monsieur Theuns, présent, n’a pas pipé mot. Quant à sa niveleuse, elle est repartie sur un camion plateau…
À Mouila, l’activité est globalement à l’arrêt, creusant chaque jour davantage le fossé d’une trésorerie en déconfiture. Des signes avant-coureurs se manifestaient depuis plus de trois mois, donnant lieu à des incidents et des accidents, sans pour autant que la Direction ne prenne les dispositions pour endiguer cette débâcle, faute d’un management engagé. Hormis quelques passages éclairs, les dirigeants ne sont pas auprès de leurs troupes, ne connaissent pas le terrain, ne passent pas de temps sur place pour comprendre et redresser la situation.
Quant à la situation financière de l’entreprise, elle reflète un mode de gestion irresponsable : cotisations sociales ‘’oubliées’’, taxes de superficies impayées, taxes de circulation des engins impayées, sous-traitants volés, prestataires de services non réglés (certains n’osent même pas se plaindre, par crainte de ne jamais être payés), ardoises laissées çà et là (hôtels, etc.), manque d’argent pour les fournitures liées à l’activité forestière.
Dans ces conditions, comment faire pour donner le change et éviter le naufrage ?
Avec une trésorerie à sec, malgré l’encaissement d’un milliard de FCFA, il faut ‘’se refaire’’ en biaisant à chaque occasion et en pratiquant ‘’la cavalerie’’ (l’argent que l’on va gagner a déjà été dépensé. Il faut donc emprunter, mais on ne rembourse pas ses créanciers afin de survivre économiquement). On ment ainsi à tout un chacun pour tenir au jour le jour et espérer bénéficier d’une aubaine pour se remettre à flots. Mimongo devait être cette aubaine...
Pour faire oublier la gestion chaotique de la société, il faut absolument donner le change par une communication valorisante et des promesses intenables, dans l’espoir de gagner à sa cause des décideurs gabonais. Un soupçon de manipulation ne nuit pas. Alors, on se présente à chaque occasion en victime des mauvaises pratiques des prédécesseurs, ou encore de prestataires, de sous-traitants et de fournisseurs locaux qui ne seraient pas corrects.
Et lorsque le stratagème ne fonctionne pas, on fait appel à ses relations pour accéder aux autorités, voire intimider des parties-prenantes. Ces personnes présentent une caractéristique identique : elles ne connaissant pas vraiment le dossier et n’ont absolument aucune légitimité à représenter les intérêts de WBG. À titre d’exemple, nous pouvons citer une représentante de la CEEAC accompagnant le PDG et sa Directrice Gabon chez le Premier Ministre, un Lieutenant-colonel en poste au cabinet du Vice-Président essayant d’intimider un sous-traitant ou encore une fonctionnaire en poste à l’Union Africaine à Addis Abeba, venue plaider la cause de WBG au Ministère des Travaux publics.
Au final, la situation de Woodbois a pris au fil des mois la tournure d’un feuilleton à rebondissements, en raison du comportement de sa Direction et de son obstination à vouloir systématiquement passer en force à la moindre difficulté.
Au regard des résultats observés sur le terrain et de l’examen de l’arrière-plan économique et financier, il y a fort à parier que ce feuilleton s’achèvera prochainement, car le château de cartes servant de paravent aux contorsions du PDG de cette bien curieuse société est sur le point de s’effondrer, laissant apparaître aux yeux de tous la vérité, dans toute sa crudité.
Une société qui ne paye pas ses ouvriers, fournisseurs et sous traitants . Depuis le changement au mois d’octobre c’est un scandale et depuis janvier c’est un passage en force des gens de mauvaises foi sans respect de leur promesses ils cherchent à spéculé sans plus . Arrêter de licencier les Gabonais
Une société qui ne paye pas ses ouvriers, fournisseurs et sous traitants . Depuis le changement au mois d’octobre c’est un scandale et depuis janvier c’est un passage en force des gens de mauvaises foi sans respect de leur promesses ils cherchent à spéculé sans plus . Arrêter de licencier les Gabonais
Merci top info pour cet article de qualité, manifestement il s’agit d’un travail en profondeur réalisé avec sérieux. Continuez à nous éclairer sur les magouilles de ces affairistes.
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