Alors que les établissements scolaires sont censés être des sanctuaires de savoir et de discipline, certains lycées gabonais semblent aujourd'hui rivaliser avec les rings de boxe. Au lycée technique "Capo", l'affrontement entre élèves prend une tournure presque "traditionnelle", avec des vidéos de bagarres qui circulent abondamment sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, les surveillants et enseignants, désemparés, essayaient tant bien que mal de jouer les arbitres d'une compétition qu'ils n'ont pas choisie, sous l'œil inquiet des parents.
La ministre de l'Éducation nationale, Mme Camélia Ntoutoume-Leclercq, avait pourtant affirmé que la sécurité des élèves restait une priorité. Des annonces grandioses de réformes et de renforcement de la surveillance ont fait les gros titres. Mais, sur le terrain, ces promesses semblent pour l'instant aussi insaisissables que les élèves turbulents. Pour les enseignants et les parents, cette situation récurrente de violences frisées l'absurde, avec des établissements qui ressemblent davantage aux arènes qu'à des lieux de savoir.
Face à l'escalade, le ministère a récemment suggéré que les familles prennent une part plus active dans la discipline de leurs enfants. "Peut-être un casque dans la liste des fournitures ?", ironise un parent, las des recommandations floues. Car si beaucoup sont conscients des défis éducatifs à la maison, ils estiment que la sécurité dans les écoles relève avant tout des établissements eux-mêmes.
Les témoignages se multiplient également concernant des intrusions d'individus extérieurs, donnant à ces lycées un parfum d'« open bar » pour les fauteurs de trouble. Surveillants et enseignants, dépourvus de moyens efficaces pour assurer la sécurité, se sentent réduits à improviser des stratégies de « survie » dans une mission de plus en plus improbable. "Nous sommes là pour enseigner, pas pour transformer l'école en cage de MMA", ironise un professeur du lycée "Capo".
Dans ses dernières déclarations, Mme Ntoutoume-Leclercq a proposé la création de "cellules de crise", une sorte de SWAT éducatif à même de canaliser les tensions. Cependant, ces « cellules » restent à ce jour plus proches de la théorie que de la pratique, laissant parents et éducateurs dubitatifs quant à leur impact. D'un côté, l'urgence de la situation est évidente ; de l'autre, les moyens pour agir se font attendre. « À force d'annoncer des changements, on oublie de les concrétiser », lâche, désabusé, un surveillant épuisé.
Pour les acteurs de l'éducation et les associations de parents, il est urgent d'instaurer un environnement sécuritaire dans les établissements scolaires. Au-delà des annonces ministérielles, ils appellent à des mesures réalistes, comme l'introduction de programmes de médiation et de gestion de conflits pour ramener un climat d'apaisement. Car l'école est, ou du moins devrait être, un lieu d'apprentissage et de développement, loin des scènes de violence qui font aujourd'hui les gros titres.
En attendant, élèves, parents et enseignants espèrent que les promesses de réformes cesseront d'être de simples mots et deviendront des actions concrètes. Car au bout du compte, l'objectif reste de taille : restituer aux écoles leur essence première et permettre aux jeunes d'y trouver un espace où le seul combat soit celui pour le savoir.
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