Il aura fallu qu’une ancienne Première dame et son fils soient concernés pour que la France s’émeuve des conditions de détention au Gabon. On a soudainement découvert que la torture existait, que des militaires gabonais savaient manier autre chose que des bâtons de cérémonie, et que la prison pouvait être inconfortable. Décidément, la justice française a des priorités bien sélectives.
Paris, capitale des Droits de l’Homme… et des procédures opportunes
L’ouverture d’une instruction judiciaire en France contre quatre officiers de la Garde républicaine gabonaise, accusés d’actes de torture contre Sylvia et Noureddin Bongo, ressemble davantage à une pièce de théâtre bien orchestrée qu’à un véritable élan de justice. La machine judiciaire française, habituellement si lente pour d’autres dossiers africains, se met soudainement en branle, poussée par des avocats médiatiques et des indignations bien ciblées.
Où étaient ces grands défenseurs des droits humains lorsque d’autres Gabonais, moins illustres, subissaient un sort similaire dans l’indifférence la plus totale ? Quand des activistes ou opposants politiques disparaissaient sous Ali Bongo, la France restait muette. Mais dès que ce sont les héritiers du pouvoir déchu qui crient à la torture, voilà que Paris sort l’artillerie lourde.
Les pleurs sélectifs d’une élite déchue
Difficile de ne pas voir dans cette affaire une opération de communication bien huilée. Les déclarations des avocats parisiens de Sylvia Bongo sont dignes d’un scénario hollywoodien : « ce que nous avons vu nous a soulevé le cœur », « des marques de chocs électriques », « des traitements dégradants »… On s’attend presque à voir un film produit par Netflix intitulé La chute des Bongo : l’Empire contre-attaque.
Soyons clairs : si des actes de torture ont été commis, ils doivent être condamnés avec la plus grande fermeté. Mais pourquoi cet emballement soudain pour Sylvia et Noureddin Bongo alors que d’autres détenus gabonais vivent l’enfer carcéral sans qu’aucune caméra occidentale ne s’y intéresse ?
Un dossier judiciaire… ou un outil politique ?
Le timing de cette affaire est plus que suspect. À quelques mois de nouvelles échéances politiques au Gabon, alors que la transition militaire s’efforce de stabiliser le pays, l’ombre de la France plane sur Libreville. En lançant des mandats d’arrêt contre des officiers proches du pouvoir actuel, Paris envoie un message clair : l’ère Bongo nous convenait mieux.
Faut-il rappeler que Sylvia et Noureddin Bongo sont aussi visés par la justice gabonaise pour détournement de fonds publics ? La fortune de la famille Bongo, accumulée pendant plus de cinquante ans, n’a jamais semblé poser de problème aux autorités françaises… jusqu’à ce que le clan soit évincé du pouvoir.
Justice ou manipulation ?
Derrière cette affaire, une question fondamentale se pose : la justice française agit-elle pour défendre les droits humains ou pour servir des intérêts politiques ? L’empressement avec lequel ce dossier est traité contraste avec la lenteur des procédures concernant d’autres dirigeants africains accusés de crimes bien plus graves.
Pendant ce temps, à Libreville, la transition continue, avec ses espoirs et ses contradictions. L’ère Bongo appartient désormais au passé, et le peuple gabonais a d’autres préoccupations que le confort carcéral de son ancien prince héritier. Peut-être que Paris devrait s’en souvenir.
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