On savait le cynisme érigé en doctrine au sommet du régime Bongo. Mais jamais on n’aurait imaginé le voir atteindre ce degré de monstruosité. Voilà Sylvia Bongo et son fils Noureddin qui sanglotent à la barre, implorent l’ONU, hurlent à la torture psychologique et se découvrent une passion tardive pour les droits de l’homme. Il faut dire qu’avant, les droits de l’homme… c’était bon pour les autres. Pas pour eux. Aujourd’hui, les voilà à hurler comme des chiens battus. Ceux qui hier traitaient les autres comme des cafards.
Oui, des cafards. C’est le mot employé par Gregory Laccruche, ancien prisonnier politique, qui a passé quatre ans dans l’ombre de leurs geôles, isolé, aveuglé, avec une mère terrassée par deux AVC et un frère rongé par un cancer. Et il a raison : ceux qui pleurent aujourd’hui avaient pris soin, hier, de faire taire toutes les larmes.
Des bourreaux qui se rêvent martyrs
Les mots de Gregory Laccruche Alihanga, dans sa lettre ouverte, frappent comme des gifles : « Vous nous avez traités comme des cafards. » Lui n’a pas eu d’avocat parisien pour médiatiser son calvaire. Lui n’a pas eu d’accès à l’ONU pour dénoncer sa détention. Lui a juste attendu dans la pénombre qu’on lui rende un œil, un souffle, une dignité. Pendant ce temps, Sylvia et Noureddin qui aujourd’hui clament leur innocence donnaient leurs ordres, ou les couvraient en silence. Ils trouvaient ça juste. Normal.
Souveraineté sélective
Quand en décembre 2020 l’ONU dénonce la détention arbitraire de Gregory Laccruche et exige sa libération, que répond le régime ? « La justice gabonaise est souveraine. » Et Ali Bongo lui-même, dans Jeune Afrique, valide cette ligne glaciale. Pas un mot pour les détenus arbitraires. Pas une larme pour les familles fracassées. Et maintenant ? Sylvia et Noureddin jouent les victimes de la « justice souveraine ». Ils trouvent soudain que ça fait mal.
La roue tourne… et ça grince
Il faut lire la lettre ouverte jusqu’au bout. Gregory Laccruche Alihanga ne réclame pas vengeance. Il réclame mémoire. Vérité. Et justice. Car à force d’écrire l’histoire à l’envers, ceux qui l’ont tordue finissent par croire à leurs propres mensonges.
Sylvia et Noureddin furent les architectes d’un système judiciaire transformé en guillotine pour tous ceux qui dérangeaient. Un système où la dignité humaine ne pesait pas plus qu’une poussière sous leur talon. Aujourd’hui, ce talon est levé, et ils hurlent à l’injustice. On aurait presque envie d’en rire. Mais non. Car derrière les mots de Gregory Laccruche, il y a des morts, des mutilés, des familles à jamais brisées. Et eux ne reviendront pas.
La leçon ? On ne peut pas bâtir un empire sur des larmes et s’offusquer quand vient son tour de pleurer. On ne peut pas bâtir une forteresse sur la peur et trembler quand elle s’effondre. On ne peut pas invoquer les droits de l’homme quand on les a assassinés hier, de sang-froid.
Que Sylvia et Noureddin méditent cela.
Et que la communauté internationale le sache : leurs cris d’aujourd’hui ne couvrent pas le silence de ceux qu’ils ont fait taire hier. Dans cette tragédie gabonaise, ils ne sont pas des victimes. Ils sont simplement rattrapés par la justice qu’ils ont, trop longtemps, détournée à leur avantage. Et oui, ça fait mal. Mais c’est juste.
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