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Politique

Présidentielle : Brice Clotaire Oligui Nguema officiellement candidat

IMG Oligui Nguema a annoncé sa candidature officielle.

Sous la pluie battante de la Cité de la Démocratie, Brice Clotaire Oligui Nguema a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Dans un climat orageux, tant sur le plan météorologique que politique, le président de la Transition a fait sa déclaration sur fond de slogans enthousiastes et de promesses d’un futur radieux. Mais derrière ce tableau presque héroïque, une question persiste : Oligui Nguema est-il vraiment l’homme de la situation ou celui des apparences ?

 

La pluie et l’ombre des promesses

Il est des moments où le symbole l’emporte sur la substance. Une pluie battante, un anniversaire célébré sur une scène publique, une foule en délire… Le spectacle est impressionnant, presque digne d’un film de propagande. Mais ce qui frappe surtout, c’est l’écart béant entre les images véhiculées et la réalité du quotidien des Gabonais. Après plus d’un an à la tête du pays, le bilan d’Oligui Nguema reste ambigu. Certes, il a accompli des projets d'envergure : des routes, des infrastructures, une compagnie aérienne (très symbolique, bien que de faible impact à court terme), et une banque pour les entrepreneurs (un geste symbolique, là encore, quand l’accès au financement reste un mythe pour la majorité). Mais à quoi bon ces réalisations si, dans les faits, la gouvernance reste opaque, le favoritisme politique se perpétue et les réformes institutionnelles ont renforcé l'exécutif au détriment des contre-pouvoirs ?

 

Il a promis de restaurer les institutions et de remettre le pouvoir aux civils. Or, au lieu de cela, ce que nous avons observé est une concentration des pouvoirs, une inflation de nominations dans son entourage et une gestion des affaires publiques qui rappelle par bien des aspects les pratiques d’un régime militaire. Oligui Nguema semble se poser en bâtisseur, mais ne pourrait-on pas voir dans ses réformes la main invisible d’un homme qui se bâtit avant tout lui-même, et à son image ?

 

Le retour de la vieille recette ?

Le discours de la transition est séduisant : "Regardez tout ce que nous avons fait en 18 mois !" Le tout, enveloppé dans un optimisme débordant. Mais il y a un problème avec ce raisonnement. Si Oligui Nguema a effectivement lancé des projets, ces derniers ne sont-ils pas, pour beaucoup, une réponse aux urgences immédiates créées par un régime précédent ? Les réalisations, certes nombreuses, s’inscrivent souvent dans le cadre de réactivations de chantiers ou de projets laissés en suspens. Quant à la promesse d’un avenir meilleur, elle semble basée sur un concept qui ne dépasse pas la surface : du béton, des ponts, des routes, des taxis. Mais qu’en est-il des idées novatrices, de la politique de l’inclusivité et de la transparence ?

Et puis, il y a le timing. Pourquoi officialiser cette candidature sous une pluie battante, un jour symbolique de surcroît ? Bien sûr, la symbolique est évidente : un leader qui affronte les intempéries, qui reste debout, quelle que soit l’adversité. Mais cela ressemble aussi à une tentative de dissimuler une réalité moins glamour : celle d’une transition qui traîne en longueur et d’une promesse de démocratie toujours en chantier.

 

Une transition ou une extension ?

L’ironie de la situation réside dans cette promesse de retour à la démocratie. Si l’on scrute les discours et les actions du Général, on constate un étonnant paradoxe. Il semble se poser comme l’homme du renouveau démocratique, mais agit de manière tout à fait antithétique à cette image. Les réformes institutionnelles sous son règne ont renforcé les pouvoirs de l’exécutif tout en affaiblissant les autres branches du gouvernement. Certes, il a fait des gestes pour la population, mais en enlevant le pouvoir au parlement et en évitant une vraie rupture avec les méthodes autoritaires du passé, quelle transition avons-nous vraiment ?

Les opposants, bien que divisés, ne manquent pas de soulever ce point : "Il n’a pas respecté ses engagements de remettre le pouvoir aux civils". En réalité, il n’a pas simplement reporté la transition démocratique ; il l’a redéfinie à sa manière, à son avantage.

 

Un homme entre promesses et contradictions

Oligui Nguema se présente comme le sauveur de la nation. Mais son tableau de "bâtisseur" ressemble parfois à une fresque pleine de contradictions. Il réclame un mandat de sept ans pour achever ce qu’il appelle "la transformation" du Gabon. Mais qui a décidé que cette transformation devait absolument passer par sa personne et par sa vision personnelle du pouvoir ? N’est-il pas aussi le produit d’un système qu’il prétend vouloir réformer ? La fameuse question de l’homme providentiel revient en force. Et si la véritable transformation du Gabon n’était pas tant une affaire de réformes en profondeur, mais de changement de mentalité et de culture politique ?

 

En résumé, Brice Clotaire Oligui Nguema s’avance vers les urnes avec un projet d’avenir qui, pour l’instant, semble plus dominé par la forme que par le fond. Derrière les slogans et les réalisations visibles se cache un défi de taille : celui de passer de l’homme de transition à l’homme de réformes véritables, et de la pluie à l’éclat du soleil politique. Mais, pour l’heure, l’incertitude demeure, et l’avenir s’annonce aussi tumultueux que l’a été cette pluie de Cité de la Démocratie.

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