Le Gabon s’échauffe doucement, et certains candidats ont déjà chaussé leurs crampons avant même le coup d’envoi officiel. C’est le cas d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre et désormais marathonien politique, qui a lancé son « ACBBN-Gabon Tour » dans l’Ogooué-Ivindo. Objectif affiché : « Tout se dire » avec les populations. Traduction : prêcher l’alternance à coups de discours bien huilés et de poignées de main fermes.
Mais derrière l’apparente proximité avec les foules, le message est clair : la transition militaire doit plier bagage. Un discours qui, sans doute, doit donner des sueurs froides au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), en place depuis le 30 août 2023.
Tournée ou pré-campagne déguisée ?
Après Makokou le 9 février, la caravane d’ACBBN enchaîne les escales : Mékambo, Ovan, Booué… Une tournée qui sent la précampagne à plein nez, même si l’intéressé jure qu’il s’agit avant tout d’« écouter les populations ». Comme si, soudainement, après des décennies de vie politique, il fallait se reconnecter avec les réalités du terrain.
Dans les discours, l’ex-Premier ministre joue la partition de l’opposant intransigeant. « Le Gabon ne peut être indéfiniment sous la coupe d’un régime militaire », clame-t-il. Voilà qui pourrait presque passer pour une évidence… si l’orateur ne connaissait pas aussi bien les rouages du pouvoir.
Car ne nous y trompons pas : derrière cette croisade pour le « retour à l’ordre constitutionnel », se cache une féroce bataille pour le fauteuil présidentiel du 12 avril 2025. ACBBN veut incarner l’anti-CTRI et se présenter comme le champion de la démocratie. Une posture qui intrigue, amuse, voire agace ceux qui se souviennent qu’il fut, il n’y a pas si longtemps, un pilier du système déchu.
Le CTRI va-t-il laisser faire ?
Si certains voient dans cette tournée une simple campagne avant l’heure, d’autres y lisent un test grandeur nature de la tolérance du pouvoir en place. Laisser Alain-Claude Bilie-By-Nze battre le rappel des troupes, c’est risquer d’ouvrir la voie à une opposition décomplexée.Mais pour l’instant, le CTRI observe. Silencieux, mais pas aveugle. Jusqu’où ira la patience du régime ? Jusqu’où ira ACBBN dans son offensive ?
En attendant, les Gabonais, eux, assistent au spectacle : une transition qui se dit temporaire, un ancien Premier ministre qui se rêve en chef d’État, et un électorat encore sonné par les récents bouleversements. Le sprint vers avril est lancé. Reste à savoir qui franchira la ligne d’arrivée… et dans quelles conditions.
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