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Politique

Port-Gentil : quand le vieux lion, Féfé Onanga sacre son héritier, Jean Fidèle Otandault

IMG Féfé Onanga ( à gauche) apporte son soutien à Jean Fidèle Otandault ( à droite). Photo d'archive.

Il y a des scènes qui en disent long sur la manière dont la politique s’écrit au Gabon : parfois dans les urnes, souvent dans les salons, et très fréquemment au chevet des doyens malades. Ce jeudi 11 septembre, Port-Gentil a eu droit à une cérémonie singulière : Féfé Onanga, doyen politique du 2ᵉ arrondissement, cloué sur son lit par un AVC mais toujours vif d’esprit, a « couronné » Jean Fidèle Otandault, ancien ministre, comme son successeur désigné.

 

Le rituel du pouvoir à l’africaine

La scène avait tout d’une pièce de théâtre à mi-chemin entre la tradition et la stratégie politique. Dans une ambiance rythmée par des chants traditionnels, Onanga a transmis à Otandault non pas un programme politique, mais des objets symboliques : une bouteille d’eau minérale (prospérité), une canne d’apparat (droiture), un pagne traditionnel (racines communautaires) et un calice de libation (connexion aux ancêtres). Bref, tout l’attirail d’un pouvoir à la fois mystique et politique. Mais derrière la liturgie, la manœuvre est limpide : sanctifier une succession qui, au lieu de passer par l’épreuve des urnes, s’inscrit dans une continuité clanique et communautaire.

 

Une onction politique « made in Port-Gentil »

Jean Fidèle Otandault, désormais héritier du trône politique du 2ᵉ arrondissement, n’a pas manqué de solenniser l’instant :  « Ces attributs ne sont pas des trophées. Ils rappellent la responsabilité que j’ai envers le peuple, l’humilité pour gouverner et le courage pour affronter les épreuves. »

Des mots bien choisis, mais qui sonnent comme une profession de foi plus spirituelle que politique. Car au fond, la vraie question reste posée : cette transmission d’autorité relève-t-elle d’un choix démocratique ou d’un rituel d’initiation ?

 

Quand le passé dicte l’avenir

En confiant la canne à Otandault, Féfé Onanga a rappelé une exigence : « celui qui reçoit la canne doit marcher droit ». Une belle métaphore, certes, mais qui contraste avec la réalité d’une classe politique souvent accusée de marcher en zigzag entre intérêts personnels et fidélités fluctuantes.

 

Ce passage de témoin n’est pas anodin. Il illustre une constante du jeu politique gabonais : la personnalisation du pouvoir, où l’institutionnel se plie au sacré, et où la légitimité ne s’arrache pas toujours dans les urnes, mais se reçoit dans un salon, autour d’un lit, sous le regard des ancêtres.

 

Otandault hérite ainsi non seulement d’un rôle, mais d’une mission quasi mystique : être à la fois le relais de la mémoire et l’incarnation de l’avenir. Reste à savoir si, dans le tumulte électoral à venir, la bénédiction des anciens pèsera plus lourd que la sanction des électeurs.

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