Le Gabon politique ne cessera jamais de nous surprendre. Alors que le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema poursuivait sa tournée républicaine dans la province du Woleu-Ntem, une scène d’anthologie s’est jouée sous les yeux d’une foule médusée. Un meeting politique, un problème posé, une solution trouvée… et une nomination en direct. Bienvenue dans la nouvelle ère de la gouvernance participative instantanée !
Mitzic, capitale du recrutement express
Tout a commencé lorsque le chef de l’État, visiblement inspiré, a lancé à l’assemblée : « Qui avait besoin d’un fils de Mitzic pour lui rappeler les problèmes de la localité ? » Comme par enchantement, un illustre inconnu a surgi de la foule, acclamé par ses concitoyens, prêt à endosser la lourde responsabilité de messager du peuple. Dans un élan théâtral, le Président de la Transition a alors décidé de le nommer conseiller spécialisé, sans autre forme de procès.
Le sort en était jeté, et Norbert (car c’est ainsi qu’il s’appelle) est devenu le premier haut fonctionnaire du pays recruté par ovation populaire. Le décret ? Inutile. L’enquête de moralité ? Superflue. Son CV ? Probablement stocké dans un nuage divin que seul le chef de l’État pouvait voir.
Un casting présidentiel en pleine rue ?
Cette mise en scène digne d’un opéra-comique pose plusieurs questions sur la gestion des affaires publiques. Le Président de la Transition se laisse-t-il influencer par l’euphorie du moment ? Si les nominations doivent désormais se faire à l’applaudimètre, alors autant organiser des jeux télévisés : « Gabon’s Got Talent : Édition Gouvernementale ».
Faut-il rappeler qu’un conseiller du Président de la Transition est censé être un expert, fin connaisseur des rouages de l’État, et non un élu du hasard ? À ce rythme, on pourrait s’attendre à ce que le prochain ministre des Finances soit tiré au sort parmi les vendeurs de marché, ou que le ministre de l’Intérieur soit désigné en fonction de ses talents de griot.
Omar Bongo avait raison…
Cette scène burlesque rappelle la célèbre phrase d’Omar Bongo Ondimba : « Je peux faire d’un chien un ministre et d’un ministre un chien. » La preuve en a été donnée à Mitzic, où la gestion du pouvoir semble parfois flirter avec l’improvisation pure et simple.
Il serait pourtant illusoire de croire que cette nomination n’était pas préméditée. Un hasard aussi parfait n’existe pas en politique. L’idée d’offrir à Mitzic un représentant direct auprès du chef de l’État, en pleine tournée présidentielle, avait tout l’air d’un coup de communication bien orchestré. Mais si le Gabon est aujourd’hui gouverné au gré des meetings, faut-il alors s’attendre à ce que la prochaine révision constitutionnelle soit décidée par un lever de main dans un stade ?
Le pouvoir, entre sérieux et spectacle
Le peuple gabonais mérite mieux qu’un théâtre d’improvisation. La politique est une chose trop sérieuse pour être confiée aux émotions du moment. À force de confondre gouvernance et spectacle, on risque de transformer l’État en une vaste scène où les décisions majeures se prennent sous les projecteurs, entre deux ovations.
Le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema, en homme d’État avisé, gagnerait à préserver la solennité des nominations et à éviter que l’administration ne devienne une grande loterie nationale. À moins, bien sûr, que le pouvoir ne soit désormais un jeu de hasard… Et vous, seriez-vous prêt à être nommé lors du prochain meeting ? Préparez vos CV… ou votre voix pour crier plus fort que les autres.
Ça c'est du Donald Trump. Oligui en bon soldat au pas et en avant tous!
Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires