Ce ne sera pas seulement le procès d’un homme, fut-il l’un des ministres des plus puissants du premier septennat d’Ali Bongo. Le procès de Magloire Ngambia qui s’ouvre, le 22 juin prochain, devant la cour criminelle spécialisée sera le procès d’un régime. Le procès d’un système de corruption, de détournement de fonds, de concussion, de surfacturation de marchés…impliquant aussi bien l’ancien ministre des Travaux publics, de l’Habitat et des Transports, que des hauts fonctionnaires à la présidence de la République et au sein des autres administrations publiques.
Placé sous mandat de dépôt, le 10 janvier 2017, Ngambia est poursuivi pour des faits supposés de corruption et de détournement de 4 milliards de Fcfa, souligne le quotidien l’Union dans sa parution de ce samedi 06 juin. Un détournement en rapport avec l’affaire Guido Santullo.
Si entre temps, l’homme d’affaire franco-italien, est décédé le 27 août 2018, il ne demeure pas moins que ses héritiers réclament toujours à l’Etat gabonais près de 350 milliards de Fcfa au titre de factures impayées. Un montant que l’Etat gabonais à jusqu’à ce jour contesté, évoquant à contrario, des surfacturations dans la réalisation des travaux (ponts de Mayumba, de Kango, école militaire de Fougamou, routes). Pire, de nombreux ministres,dont Magloire Ngambia, sont soupçonnés d’avoir été corrompus par l’homme d’affaire.
A l’époque dans une interview donnée à Jeune Afrique, Guido Santullo est ferme : « il n’a jamais corrompu un ministre gabonais » reconnaissant juste avoir invité plusieurs d’entre eux (Magloire Ngambia, Yves Fernand Manfoumbi, Léon Nzouba, Françoise Assengone Obame…) à manger des pattes à son domicile. Le procès qui s’ouvre permettra peut-être de déterminer le rôle de chacun dans ce dossier.
Entre temps, la question des conditions d’obtention de ces marchés par Guido Santullo pour un montant de près de 700 milliards de Fcfa, sera à nouveau en débat. Qui dans l’appareil étatique a permis à l’homme d’affaire d’obtenir ces marchés sous forme de gré à gré en violation du code des marchés publics ? Magloire Ngambia a-t-il joué un rôle à ce niveau ? De son vivant, Santullo renvoyait cette responsabilité au Gabon en indiquant que : « ce n’est pas de notre faute s’ils (les dirigeants gabonais) ont attribué autant de marchés de gré à gré. C’est à l’Etat de lancer les appels d’offres pas à nous ». Une réponse qui renvoyait le Gabon devant ses responsabilités.
Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires