Blanche Simonny Abegue, membre du comité d’organisation de cette journée, rèleve dans cette interview accordée à nos confrères de La Cigale Enchantée, la portée de la cérémonie organisée en hommage à Grégory Ngbwa Mintsa. Lecture.
1-Vous organisez, le 10 avril prochain, une cérémonie en mémoire de Grégory Ngbwa Mintsa. Quelle sera la teneur de cette grande rencontre dédiée à un homme qui a été la figure de proue dans la lutte contre les « biens mal acquis » ?
Vous faites bien de souligner que Grégory a été la figure de proue dans la lutte contre les biens mal acquis. En effet, il a été le seul Gabonais assez courageux, pour oser s’associer à la plainte de l’association Sherpa et Transparency international France contre Omar Bongo Ondimba, en 2007, pour dénoncer les détournements massifs du Président de la République. Il fallait le faire ! De cet acte courageux, il a, bien sûr, obtenu une reconnaissance internationale, en recevant le Prix de l’Intégrité de Transparency international. Mais il a également payé de sa vie, puisque ses ennuis, avec le pouvoir en place, l’ont conduit à la tombe. Abusivement licencié d’Africa N° 1, il a dû batailler jusqu’à sa mort pour ses droits.
Il faut souligner que, pour le Gabon, si l’affaire dite des biens mal acquis a prospéré, c’est en grande partie grâce à Grégory Ngbwa Mintsa, car, si aucun citoyen gabonais ne s’était constitué partie civile, la plainte n’aurait jamais abouti. Les Gabonais épris de justice lui doivent au moins cela.
C’est la quatrième fois que nous organisons une journée en sa mémoire, pour lui rendre hommage. C’est le moins qu’on puisse faire pour un homme qui a cheminé avec nous, qui nous a tellement apporté en tant qu’être humain, mais également comme un véritable Gabonais épris de son pays, soucieux du bien-être de tous, un homme de tous les combats pour la libération du Gabon. Je me souviens, plus particulièrement, des années pendant lesquelles j’ai travaillé avec lui dans le cadre du Forum des Indignés, quand nous dénoncions l’imposture Richard Attias avec son New York Forum for Africa.
Avec Grégory, j’ai appris ce qu’intégrité voulait dire, mais surtout engagement et don de soi pour le bien de tous. Assurément, nous nous devons de le célébrer, de nous rappeler son combat pour mieux le poursuivre.
2- Tout en célébrant Grégory, vous indiquez aussi rendre hommage à toutes ces personnes qui ont donné leur vie, pour faire avancer le combat pour l’alternance. Pensez-vous que ces figures ne soient pas assez célébrées dans notre pays ?
Les célébrations de tous les compatriotes tombés pour la liberté au Gabon sont marginales, vous le constaterez vous-même. Ces commémorations sont souvent l’œuvre des proches ou des corporations, mais jamais des pouvoirs publics. Il faut attendre une alternance au pouvoir, pour que, plus tard, soit reconnu, officiellement, le rôle de chaque personne tombée pour la démocratie au Gabon. Tant qu’il y aura les Bongo-Valentin et leur système, aucune reconnaissance nationale ne sera possible. Il est donc de notre devoir de ne pas oublier le rôle qu’ils ont joué, pour dénoncer urbi et orbi les méfaits du régime Bongo-PDG et pour faire avancer la démocratie au Gabon. Même si le changement n’est pas visible, ils ont tous fait bouger la ligne, souvent au prix de leur vie.
La « Journée patriotique Grégory Ngbwa Mintsa » est, certes, consacrée à notre ami, mais nous évoquerons la mémoire de tous les combattants de la liberté de la société civile, à l’instar de Martine Oulabou Mbadinga, Marie Bendome, Me Fabien Méré, Louis Patrick Mombo ou, plus récemment, Hervé Mombo Kinga et bien d’autres. Ils sont nombreux. Nous ne devons pas oublier qu’ils ont donné leur vie par amour pour notre pays et pour leurs compatriotes.
3- Quel est le message que vous lancez à l’endroit des Gabonais qui voudraient prendre part à cette journée ?
Nous invitons les Gabonais à venir commémorer la mémoire de leur compatriote, martyr de la démocratie. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de côtoyer Grégory, ils ont là, l’occasion d’apprendre un peu plus sur l’homme, sa vie, sa tragédie et de comprendre qu’on peut s’engager résolument pour son pays quelles que soient ses conditions sociales. Faut-il le rappeler, Grégory, fils d’un ancien ministre, diplômé de hautes études, d’une intelligence très au-dessus de la moyenne, avait tout pour mener une existence tranquille digne de son rang social. Toutefois, il a choisi le chemin le moins fréquenté pour le bien de tous. Il aspirait à une meilleure vie pour tous et il ne l’a jamais regretté malgré l’adversité. Le message, que nous lançons, est celui que Grégory lui-même a lancé, à savoir, « personne ne fera le Gabon à notre place ».
Avez-vous déjà entendu parler de « crime patrimonicide » ? Le concept est de Grégory Ngbwa Mintsa pour dénoncer l’accaparement des richesses du Gabon par un groupuscule véreux et prédateur appartenant à la même famille. Une conférence sur ce sujet vous permettra d’en savoir plus.
Nous vous attendons nombreux le 10 avril 2022 au siège de Brainforest situé à Ambowè, à partir de 10 h.
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