Gouverner le changement : la méthode Kaizen comme levier d’une transformation progressive du Gabon sur les 7 ans du mandat

Prime BOUNGOU OBOUMADZOGO, Doctorant en administration des affaires

Depuis le 12 avril 2025, date de la prestation de serment du Président de la République, le Gabon est officiellement engagé dans un nouveau cycle politique. Ce mandat de sept ans s’ouvre avec une promesse claire : transformer en profondeur le pays, son administration, son économie, et sa relation à ses citoyens. Mais pour que cette transformation soit durable, elle ne peut reposer sur l’illusion d’un changement rapide et désordonné.

À l’heure où des décisions comme le déguerpissement des populations à Pleine-Oréty soulèvent à la fois des attentes, des tensions et des débats, une question s’impose : comment conduire le changement de manière juste, structurée et soutenable ?

C’est ici que la méthode Kaizen, issue de la culture japonaise, peut devenir un outil stratégique de gouvernance.

I. Une transformation sans brutalité

Le déguerpissement de Pleine-Oréty a été présenté comme une mesure d’ordre urbain et sécuritaire. Mais il révèle surtout l’urgence de repenser les méthodes de mise en œuvre des décisions publiques. Si le changement est nécessaire, il ne doit pas être confondu avec la précipitation.

La méthode Kaizen, qui repose sur l’idée d’amélioration continue, propose au contraire une dynamique progressive : transformer sans casser, corriger sans punir, avancer sans exclure.

II. Gouverner avec rigueur et temps

Avec sept années devant lui, l’actuel mandat présidentiel offre un capital temps inédit dans l’histoire récente du pays. Ce temps ne doit pas être gaspillé en mesures spectaculaires, mais investi dans la qualité, la cohérence et la durabilité des réformes.

Kaizen enseigne qu’il est plus stratégique d’améliorer un système existant de façon rigoureuse et régulière que d’en annoncer un nouveau chaque trimestre. Cela signifie, pour le Gabon, construire des politiques publiques sur la base de diagnostics solides, de consultations citoyennes et d’objectifs réalistes.

III. Le Kaizen appliqué à l’État gabonais

Adopter le Kaizen dans le pilotage de l’État, c’est :

            •          Privilégier la continuité et la rigueur dans la mise en œuvre des projets ;

            •          Fonder chaque décision sur des données, une écoute du terrain, et une logique d’amélioration permanente ;

            •          Renforcer la formation continue des agents publics, plutôt que de tout miser sur l’équipement ou la modernisation technologique seule ;

            •          Évaluer non pas ce qui est dépensé ou visible, mais ce qui améliore effectivement la vie des citoyens.

IV. Transformer autrement : le temps long comme ressource

Le véritable changement ne se mesure pas à la vitesse de sa mise en œuvre, mais à sa capacité à durer et à faire consensus. Le mandat en cours peut être celui d’un tournant historique, à condition d’accepter de ne pas tout faire tout de suite  mais de tout faire bien, au bon moment, et avec méthode.

En définitive, le Gabon n’a pas besoin d’une accumulation de projets mal finis. Il a besoin d’un cap clair, d’une méthode structurée, et d’un engagement collectif. Le Kaizen, par sa philosophie du progrès continu et de la participation active, propose une alternative crédible au pilotage par le choc. Dans ce contexte, le déguerpissement de Pleine-Oréty ne doit pas devenir un symbole de rupture brutale, mais un point d’alerte : gouverner le changement, c’est aussi savoir l’anticiper, l’expliquer et l’accompagner.

Le développement durable du Gabon dépendra moins de l’intensité du changement que de sa justesse.

Prime BOUNGOU OBOUMADZOGO

Doctorant en administration des affaires

EMBA /Chercheur en management stratégique

Auteur du livre : 10 principes qui ont fait de Joseph le prince d’Egypte.