Coup de théâtre sur la scène politique gabonaise ! Ike Ngouoni Aila Oyouomi, ancien chantre de la communication présidentielle sous le régime Bongo, a décidé de franchir le Rubicon : il se rêve désormais en grand rénovateur de la démocratie gabonaise. Le vendredi 21 février 2025, tel un phénix ayant retrouvé des ailes en pleine transition, l’ex-porte-parole de la présidence déchue a annoncé la création d’un parti politique, dont le nom reste mystérieusement suspendu à une révélation post-présidentielle. Prudence stratégique ou opportunisme assumé ?
Un renouveau en mode recyclage
Difficile de ne pas esquisser un sourire en écoutant celui qui, il y a encore quelques années, était le maestro de la propagande du régime Bongo, prôner aujourd’hui « l’unité nationale, la responsabilité collective et la justice ». Lui, qui justifiait les dérives du pouvoir en place, propose désormais une alternative à un système qu’il a servi avec zèle. Décidément, la politique gabonaise regorge de ces miraculés qui, après une traversée du désert de quelques mois, reviennent drapés dans un habit de vertus immaculées.
Mais qu’on se le dise, Ike Ngouoni ne souhaite pas être réduit à son passé. Son projet, dit-il, est celui d’un « espace de construction collective »… tout en prenant soin d’attendre l’élection présidentielle du 12 avril avant d’en dévoiler les contours. La manœuvre est habile : pourquoi s’engager maintenant alors que les rapports de force restent incertains ? Pourquoi s’exposer quand on peut observer tranquillement l’échiquier politique se recomposer avant d’avancer ses pions ?
Un caméléon politique en quête d’adhésion
L’ancien porte-parole ne veut ni s’inscrire dans une opposition frontale au Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), ni donner l’impression d’un simple recyclage d’un cacique du système Bongo. Il se veut un homme neuf, porteur d’un projet « tourné vers le progrès, l’ouverture et le travail ». Bref, une tentative de lifting idéologique à faire pâlir les meilleurs spins doctors.
Mais soyons sérieux : le Gabonais moyen, que pense-t-il de cette conversion tardive ? Peut-il réellement croire en la sincérité d’un acteur clé de la machine Bongo qui se réinvente aujourd’hui en apôtre du changement ? À Libreville, les réactions oscillent entre amusement et scepticisme. « C’est comme si un ancien chef cuisinier du régime venait nous dire qu’il a trouvé une nouvelle recette pour nourrir le peuple », ironise un observateur politique. « On connaît les ingrédients, on connaît le goût… et on sait qui est derrière les fourneaux. »
L’ombre du passé et le défi de la crédibilité
Ike Ngouoni pourra-t-il réellement convaincre qu’il incarne une alternative ? L’histoire politique gabonaise nous a déjà offert de nombreux cas de figures similaires, où d’anciens dignitaires se réinventent en réformateurs après la chute d’un régime. Mais rares sont ceux qui ont su effacer la mémoire collective.
À l’heure où le Gabon cherche encore ses repères entre transition et refondation, le retour d’Ike Ngouoni pose une question essentielle : un acteur du système déchu peut-il véritablement devenir l’artisan du renouveau politique ? Ou assiste-t-on simplement à un énième tour de passe-passe où l’ancien monde se grime en nouvelle offre politique ? Verdict après la présidentielle, en attendant le nom ô combien attendu de ce parti politique annoncé comme révolutionnaire. En attendant, que chacun garde son ticket : la politique gabonaise n’a jamais manqué de rebondissements.
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