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Politique

Ennuis judiciaires et valises d’argent : La prison et l’humiliation selon que vous serez Gabonais ou étranger

IMG Seidou Kane n'a jamais été inquiété par la justice en dépit de son implication dans des scandales financiers.

Il fallait non seulement humilier un homme, le discréditer totalement, mais surtout faire peser sur lui l’épée judiciaire si jamais cette personnalité politique de l’opposition nourrissait des ambitions présidentielles. C’est fait. Le régime vient, à travers l’affaire des valises d’argent interceptées à la frontière de Kabala, de tuer quasiment politiquement Guy Nzouba Ndama. L’ancien président de l’Assemblée nationale, désormais sous surveillance judiciaire, n’est plus libre de mener ses actions politiques, et même personnelles dans le pays sans craindre d’être arrêté par la police du régime.

 

Mais au-delà, cette affaire démontre, une nouvelle fois, la justice à géométrie variable et à têtes chercheuses. Alors que nombre de nos compatriotes de l’opposition ou de la majorité présidentielle sont jetés en prison pour des prétendus détournements de fonds, les ressortissants étrangers pillent en toute impunité les caisses de l’Etat, sans que la justice gabonaise daigne déclencher à leur encontre la moindre action judiciaire.

 

La justice sélective

 

Aussi, même quand certains d’entre eux sont arrêtés et/ou mis en examen à l’étranger pour des délits en rapport avec le Gabon, cela ne les ébranle pas le moins du monde, car ils sont assurés, « au pays », de jouir d’une totale impunité. Le 03 août 2015, par exemple, le Franco-Béninois Maixent Accrombessi est arrêté à l’aéroport de Paris Charles de Gaulle (Roissy CDG). Placé en garde à vue pendant plusieurs heures pour « corruption d’agent public étranger », il lui est reproché des indélicatesses dans des contrats d’achat d’uniformes militaires gabonais passés auprès de la société française Marck. L’enquête, qui s’ensuivra, mettra, d’ailleurs, au jour, une tentaculaire affaire de grand banditisme transcontinental. Directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba au moment des faits, Maixent Accrombessi sera mis en examen à la suite de la découverte par les juges d’un système mafieux de rétrocommissions matérialisé par plusieurs virements.

 

Rappelons qu’en novembre 2011, le même Accrombessi s’était déjà signalé, en provoquant l’arraisonnement de l’avion présidentiel gabonais sur le tarmac de l’aéroport de Cotonou, pour une sombre histoire de « trafic présumé de devises et de stupéfiants ». Son passeport diplomatique fut même momentanément confisqué par les autorités béninoises. Malgré ce « palmarès », M. Accrombessi n’a jamais été inquiété par la très courageuse justice gabonaise.

 

Idem pour son complice et homme de main Seydou Kane. Le 18 novembre 2015, ce Sénégalo-malien est interpellé à sa descente d’avion à Roissy Charles de Gaulle. Le quotidien français « Le Monde » relate les faits : « Détenteur de passeports diplomatiques gabonais, malien et sénégalais, il était pourtant attendu par le chef de protocole de l’ambassade du Sénégal à Paris. Il a été conduit en garde à vue à Nanterre par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCLIF) dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en juillet 2007 » Parmi les affaires impliquant Seydou Kane, il y a, selon le journal « Libération », « un contrat de 7 millions d’euros [environ 3 milliards 200 millions de Fcfa, ndlr] passé entre le ministère de l’Intérieur gabonais et la société française Marck ». Mais tout cela n’a, évidemment pas, donné lieu à aucune enquête au Gabon. Au contraire, le Sénégalo-malien continue à servir de banque alimentaire aux forces armées gabonaises, en même temps qu’il truste à sa guise de juteux marchés publics. On pourrait croire que Maixent Accrombessi et Seydou Kane sont des cas isolés. Il n’en est rien. Et pour cause !

 

Du Britannique Lee White – pour sa « gestion » des Parcs nationaux – au Français Christian Kerangall – grand manitou des deux CAN organisées par le Gabon – en passant par l’Autrichien Roberto Tomazini – au sujet des rétrocommissions touchées via les banques suisses HSBC et Société Générale – ou encore le parrain corse Michel Tomi, ils sont nombreux, ces « étranges Gabonais » qui auraient pu intéresser la justice gabonaise.

 

 

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