Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) vient d’annoncer le déploiement d’équipes de contrôle à travers le pays pour suivre l’évolution des chantiers majeurs engagés sous l’ère du Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Une initiative louable sur le papier, mais qui suscite quelques interrogations dans la réalité d’un Gabon où les délais de livraison sont souvent aussi flexibles qu’un pont suspendu sans piliers.
Quand le contrôle devient une découverte
Officiellement, il s’agit d’évaluer l’état d’avancement des dix chantiers majeurs financés grâce aux efforts du CTRI. Officieusement, c’est peut-être l’occasion, pour certaines autorités, de réaliser que oui, un chantier ne se construit pas tout seul, et que non, poser une première pierre avec force caméras ne signifie pas que les travaux avancent.
Le Colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, porte-parole du CTRI, a insisté sur la nécessité d’une présence effective des entreprises lors des missions de contrôle. On imagine déjà la scène : des entrepreneurs appelés en urgence, les bottes encore propres, feuilletant fébrilement leurs rapports pour tenter de justifier pourquoi un projet de six mois dure depuis deux ans.
Un Gabon en chantier permanent ?
Depuis des décennies, le Gabon est ce vaste terrain de jeu où les infrastructures ont une fâcheuse tendance à se transformer en promesses éternelles. Routes, hôpitaux, écoles... Tout semble commencer avec faste et solennité, mais se termine souvent en interrogations et en friches urbaines.
Cette fois-ci, le CTRI veut marquer la différence et rappeler que les financements ont bel et bien été débloqués. Traduction : plus d’excuses. L’objectif affiché est simple : transparence, rigueur, et surtout, résultats. Un vœu pieux dans un pays où la notion de « retard de chantier » a fini par devenir une tradition nationale.
L’implication des entreprises : mission impossible ou possible ?
Les entreprises en charge des travaux sont désormais placées sous pression. Elles devront répondre aux autorités et justifier chaque retard, chaque malfaçon, chaque budget englouti sans résultats visibles. Autrement dit, elles devront rendre des comptes. Une pratique inhabituelle sous nos cieux, où la seule chose qui progresse souvent à un rythme soutenu, ce sont les avenants aux contrats.
Pour le Président de la Transition, le respect des délais est une priorité. Mais pour que cette opération soit efficace, encore faudrait-il que les audits ne se limitent pas à des visites guidées orchestrées avec soin. Car si le CTRI veut vraiment marquer les esprits, il devra éviter que ces contrôles ne se transforment en simples séances de photos devant des engins de chantier astiqués pour l’occasion.
Un test grandeur nature pour la transition
Au-delà du simple suivi des infrastructures, cette initiative représente un véritable test pour la gestion des projets publics. Va-t-on assister à un réveil administratif où chacun assume enfin ses responsabilités ? Ou à une nouvelle démonstration d’ingénierie bureaucratique où les seules choses qui avanceront seront les rapports d’audit ?
Les Gabonais, eux, attendent des résultats concrets. Routes praticables, hôpitaux fonctionnels, écoles achevées. Pas seulement des annonces et des visites en grande pompe. Reste donc à voir si ce tour des neuf provinces permettra réellement de lever les inquiétudes ou si, une fois encore, nous assisterons à un spectacle bien rodé où le seul béton coulé sera celui des déclarations officielles. L’heure de vérité approche. À vos casques... ou plutôt, à vos parapluies !
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