Il y a des traditions qui ont la peau dure, et d’autres qui semblent carrément faire partie de l’ADN de certains. Ce lundi 3 mars 2025, la ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume Leclercq, a prouvé une fois de plus qu’elle était une Kounabéliste de sang et de peau. Rassembler tout son ministère secrétaires généraux, inspecteurs, directeurs généraux, cabinet et élèves non pas pour parler éducation, mais pour institutionnaliser un chœur républicain en l’honneur de l’anniversaire du Président de la Transition, il fallait oser !
D’ordinaire, dans les écoles, le lundi matin est consacré au lever du drapeau et à l’hymne national. Mais sous l’ère Ntoutoume Leclercq, il faut désormais y ajouter un nouveau rituel : le “Joyeux anniversaire” présidentiel. Avec le sérieux d’une obligation républicaine, fonctionnaires et élèves ont été conviés à célébrer les cinquante ans du Chef de l’État. On imagine aisément l’enthousiasme débordant des jeunes collégiens, qui ont dû se demander si cette cérémonie était une nouvelle matière au programme : "Civisme 2.0 : flatterie et protocole d'État".
La ministre, élève modèle de la Kounabelie
Car soyons clairs, si quelqu’un incarne aujourd’hui la Kounabelie dans toute sa splendeur, c’est bien Madame la Ministre. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, les Kounabelistes, ce sont ces inconditionnels du Parti Démocratique Gabonais (PDG), nourris au biberon du culte de la personnalité, rompus à l’art de la prosternation institutionnelle. Autrefois, ils juraient fidélité éternelle à une dynastie. Aujourd’hui, ils ont simplement changé de poster dans leur bureau.
Madame Ntoutoume Leclercq est de cette école-là, celle où l’État et le Chef de l’État ne font qu’un, où souhaiter un anniversaire présidentiel devient un devoir ministériel, où l’hommage s’impose à tous comme une évidence. Une fois encore, elle prouve qu’elle sait où est son intérêt : dans le camp de celui qui tient les rênes. Qu’importe si l’éducation nationale a d’autres urgences, qu’importe si les élèves manquent de tables-bancs, si les enseignants réclament de meilleures conditions de travail. Ce jour-là, la priorité était ailleurs : un vœu d’anniversaire en chœur et en cadence.
Joyeux anniversaire, Monsieur le Président ! Et l’école ?
Alors oui, l’anniversaire d’un Chef de l’État est un moment spécial. Mais doit-il devenir un évènement d'État ? Si la ministre d’État se soucie autant des dates marquantes, peut-être pourrait-elle organiser la même ferveur pour l’anniversaire des grèves répétées dans l’éducation nationale, ou celui des promesses non tenues ?
À ce rythme, pourquoi ne pas officialiser le 3 mars comme une nouvelle fête nationale ? Une journée fériée, où chaque élève, chaque enseignant et chaque parent d’élève serait tenu d’envoyer une carte de vœux au Palais du Bord de mer. On pourrait même instituer un concours de la plus belle déclaration d’anniversaire, avec à la clé un prix décerné par la ministre elle-même.
Ironie du sort, si l’ancien régime avait orchestré une telle mascarade, les mêmes qui chantent aujourd’hui auraient hurlé à l’endoctrinement. Mais voilà, la Kounabelisme n’est pas une idéologie, c’est un réflexe de survie. Et certains, comme Madame la Ministre, en ont fait un véritable art. En attendant, joyeux anniversaire, Monsieur le Président. Quant à l’éducation nationale, elle soufflera ses bougies une autre fois… si elle survit jusque-là.
Très bon article, qui use habilement de l’ironie pour dénoncer la dérive d’une éducation nationale transformée en instrument de célébration présidentielle. Vs mettezbie Bien en lumière l’absurdité la ministre de tutelle plus préoccupée par les hommages au pouvoir que par les réelles urgences du secteur éducatif. En poussant la logique jusqu’au grotesque, Mme la Ministre manifeste avec justesse l’opportunisme et le réflexe de soumission qui semblent prévaloir son ADN pedegiste... C'est vraiment un cancer...
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