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Candidature au delà de l’âge limite : Pierre-Claver Maganga Moussavou, l’homme qui défie la Constitution

IMG Pierre Claver Maganga Moussavou veut candidater en dépit de son âge.

Il n’y a pas que la politique au Gabon, il y a aussi le théâtre de l’absurde. Et sur cette scène, Pierre-Claver Maganga Moussavou, le président du Parti social-démocrate (PSD), est sans doute l’acteur principal. À 72 ans, un âge bien au-delà de la limite fixée par la Constitution de 2024, il se lance à nouveau dans la course à la présidentielle de 2025, malgré une règle qui l’écarte explicitement du jeu. Si cela n’était pas déjà suffisant, le voilà qui retire son dossier de candidature pour mieux y revenir, en martelant son opposition farouche aux dispositions constitutionnelles qu'il juge "injustes". Mais que faut-il voir derrière ce comportement apparemment irréaliste ?

 

Maganga Moussavou est un homme d’expérience. Un homme qui, depuis les années 90, a connu et affronté presque toutes les élections présidentielles, récoltant à chaque fois des scores qui flirtent avec la nullité. Jamais plus de 3 % des voix. Un exploit en soi, mais un exploit que l’homme semble trouver insuffisant. Il persiste à se présenter, non pas par conviction d’un succès probable, mais peut-être par un besoin irrépressible d’asseoir une forme de visibilité. De cette fameuse lumière qui brille fort mais s’éteint aussitôt. Le faire. Etre. Apparaitre. L’ombre de l’illusion, plutôt que la lumière de la vérité.

 

Et voilà qu’en 2025, après avoir porté un discours de "résistance" contre la Constitution, Maganga Moussavou se positionne de manière audacieuse, mais profondément contradictoire. Ses partisans, tous mobilisés sous la bannière d’une "opposition démocratique", semblent croire que l’homme saura, contre vents et marées, braver la loi pour sa propre gloire. Mais, qu’en est-il réellement ? Cette volonté farouche de défier la Constitution ne vise-t-elle pas, en fin de compte, à défier la réalité elle-même ? Après tout, comment espérer remporter une élection quand les règles mêmes vous excluent ?

 

Pierre-Claver Maganga Moussavou, c’est un peu l’archétype de l’homme politique gabonais par excellence, celui qui se nourrit de la politique comme d’une arme de contestation, mais qui oublie que, pour qu’elle ait une chance de réussir, il faut aussi accepter la réalité. Or, la réalité est cruelle pour lui : il est trop vieux pour la présidence, et, à moins d’un miracle constitutionnel, la commission électorale ne pourra en toute logique que rejeter sa candidature. Mais pour lui, ce n’est pas un obstacle. C’est un défi. Un jeu. Un spectacle. La politique de la "dernière chance", celle où l’on croit encore qu’en brisant les règles, on parviendra à se réinventer.

 

Mais dans un contexte où les Gabonais sont de plus en plus désillusionnés, à quoi sert cette obstination ? Quelle est la véritable valeur d’une candidature quand elle n’a aucune chance d’aboutir, hormis celle d’entretenir une illusion d’opposition et de résistance ? Maganga Moussavou se présente en adversaire, mais n’est-il pas, en réalité, un acteur de la politique de diversion ? Un rôle de "fausse opposition" qui détourne l’attention de l’électorat des vrais enjeux de la nation, en se jouant de la Constitution et des aspirations populaires.

 

Et puis, il y a cette autre question, celle de la sincérité de son combat. Après avoir constamment échoué, et n’ayant pas vraiment changé de stratégie depuis les années 90, Maganga Moussavou croit-il sincèrement que 2025 sera l’année de la victoire, ou est-ce simplement un dernier baroud d’honneur avant de tirer définitivement sa révérence politique ? Peut-être faut-il voir dans son obstination un certain cynisme, un désir de rester dans le jeu pour ne jamais sortir du cadre, quitte à en devenir la caricature.

Maganga Moussavou, candidat fantôme ou résistant visionnaire ? Il est difficile de trancher. Mais une chose est sûre : sa campagne est une œuvre d’art politique, une performance où la défaite, déjà annoncée, devient un message en soi. Un message de défi, certes, mais aussi un message d'une époque politique où l’illusion prend souvent le pas sur la réalité.

En 2025, comme en 1990, 1993, 1998, 2005, 2009, 2016 et 2023, Pierre-Claver Maganga Moussavou sera à nouveau sur la ligne de départ. Mais cette fois, sa course se fait contre la Constitution, et contre le temps. Un sport de solitaire où le seul véritable adversaire est le ridicule.

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