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Assises : Une administration performante… mais que sur papier !

IMG Le Premier ministre, Raymond Ndong Sima lors du lancement des Assises.

Le Premier ministre Raymond Ndong Sima a lancé en grande pompe les Assises de l’Administration publique sous le thème évocateur : « Une administration publique innovante pour un meilleur service public ». On aurait presque envie d’y croire. Sur le papier, tout est parfait. Dans la réalité, c’est une autre histoire.

 

Depuis des décennies, l’administration gabonaise excelle dans un domaine : la fabrication de concepts fumeux et de réformes jamais appliquées. Conférences, séminaires, tables rondes… Les ministères regorgent de plans stratégiques, de maquettes futuristes et de PowerPoint promettant une administration moderne et efficace. Pourtant, les citoyens continuent de patauger dans des méandres bureaucratiques où l’attente est la règle et la réactivité, une légende urbaine.

 

Une réforme sans moyens, une ambition sans volonté

Comment moderniser l’administration quand les administrations elles-mêmes manquent de tout ? Le papier pour imprimer un simple formulaire devient une denrée rare, les logiciels de gestion datent d’un autre siècle, et les bureaux croulent sous des montagnes de dossiers poussiéreux. Pendant ce temps, la numérisation reste un mirage, sauf pour les consultants grassement rémunérés pour rédiger des rapports que personne ne lira jamais.

 

Le Premier ministre a beau appeler à l’innovation et à la rigueur, tout le monde sait que sans moyens, cette réforme est condamnée à finir au cimetière des bonnes intentions. Comment exiger de la performance alors que les agents sont mal payés, démotivés et souvent contraints d’arrondir leurs fins de mois par des pratiques peu orthodoxes ?

 

La corruption, ce sport national

Si l’inefficacité administrative était une discipline olympique, le Gabon raflerait toutes les médailles. Mais il y a mieux : la corruption, ce véritable sport national où chaque échelon de l’administration a son prix. Du plus petit agent au plus haut fonctionnaire, tout est monnayable. Une signature, un dossier accéléré, un permis, un marché public… Il suffit de mettre le bon montant dans la bonne poche.

Et ne parlons pas des marchés publics où les entreprises fantômes raflent des millions pour des prestations invisibles. Où sont passés les budgets destinés à moderniser l’administration ? Sans doute dans les villas cossues de quelques initiés, loin des salles bondées où les citoyens attendent en vain un service public digne de ce nom.

 

Un État en décalage avec son peuple

Pendant que le gouvernement disserte sur la modernisation, les Gabonais, eux, continuent de souffrir d’une administration kafkaïenne où obtenir un simple papier relève du parcours du combattant. La réalité est implacable : l’État est devenu un monstre tentaculaire qui étouffe les initiatives au lieu de les encourager.

Alors, que restera-t-il de ces Assises ? Probablement un joli rapport qui viendra s’ajouter à la pile des précédents, quelques promesses vite oubliées et une cérémonie de clôture où l’autosatisfaction sera de mise. En attendant, les Gabonais continueront de se débrouiller comme ils peuvent, naviguant entre files d’attente interminables et petites « motivations » glissées discrètement sous les bureaux. L’administration publique innovante ? Peut-être dans les maquettes, mais sûrement pas  dans la vraie vie.

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