Comme nous l’annoncions dans nos colonnes dès le mois d’avril, la société Woodbois est empêtrée dans une crise interne sans précédent, qui semble désormais insurmontable tant les résultats d’une gestion quasi aberrante depuis près d’un an se cumulent et se transforment en cauchemar pour la Direction, en salaires versés au compte-gouttes pour les salariés et en impayés pour les prestataires et fournisseurs, sans oublier la fiscalité, complètement ignorée (pour l’instant…).
Pour mémoire, cette société a son siège à Londres, où elle est cotée en Bourse (marché AIM), détail important qui explique largement l’approche spéculative de ses dirigeants. Elle dispose d’une filiale de négoce à Copenhague, et de manière plus anecdotique, des concessions forestières au Mozambique, totalement improductives et qu’elle s’efforce de céder sans grand succès jusqu’à présent. Le Gabon, avec sa filiale Woodbois Gabon (WBG) reste globalement le centre de gravité de ses activités, quoique celles-ci sont à l’arrêt total depuis 2 mois.
Au Gabon, la situation est calamiteuse sur tous les plans (trésorerie à sec, difficultés à obtenir des crédits, accumulation de dettes, perte d’un marché très important, production de bois à l’arrêt, licenciements abusifs, arriérés de salaires en attente de régularisation, grèves, fournisseurs impayés, manquements graves à la législation du travail, non-paiement des cotisations sociales, dette fiscale importante, comptes bancaires dans le rouge, etc.). Cette dégringolade, amorcée en 2023, s’est accélérée en 2024 en raison de l’incurie managériale de son PDG, flanqué d’une Directrice locale et d’une DRH importées dans son sillage, ces deux dernières manifestant une arrogance absolue envers les salariés.
Cependant, la réalité semble petit à petit se rappeler au bon souvenir d’un PDG qui fait semblant de ne rien voir, tant les exemples de ses exploits et de leurs conséquences catastrophiques sont nombreux, mais qui se doit malgré tout d’offrir une image rassurante aux petits investisseurs qui auraient l’idée d’acheter des actions Woodbois en espérant les faire fructifier dans le temps.
Au siège de Londres , la situation est mortifère. Les membres du Directoire se regardent désormais en chiens de faïence, car le désastre en cours fait sévèrement chuter les cours des actions (50% en 6 mois !), ce qui est le signe manifeste que cette société est très mal gérée et ne produit aucun résultat convainquant depuis de très longs mois, malgré quelques annonces triomphalistes, mais sans aucun fondement de la part du PDG actuel.
Un exemple de cette ambiance pesante : le retrait du Directoire il y a quelques jours d’un Directeur associé et de la Directrice financière, deux personnalités historiques de la société londonienne et acteurs actifs de son expansion à l’international au fil des années.
Il en est de même à Copenhague, où la filiale de négoce de bois doit faire face à la stupeur de clients, qui ont prépayé des commandes de bois qui n’arriveront jamais, ce qui a amené certains commerciaux à démissionner plutôt que d’avoir à mentir aux clients et d’être poursuivis en justice pour malversation.
Et ces commandes ne sont pas prêtes d’arriver, car la société n’a pas payé ses affréteurs maritimes depuis longtemps, ce qui exclut de facto un envoi rapide, notamment parce que ces containers de bois sont également chargés avec des volumes acquis auprès d’autres forestiers gabonais que WBG. Et ces forestiers vont devoir eux-mêmes patienter avant d’être payés. Pour l’exprimer de manière résumée : c’est un exceptionnel imbroglio technique, opérationnel, commercial et surtout financier.
Quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier
Woodbois Ltd ne pourra plus dissimuler très longtemps aux investisseurs, aux actionnaires et aux salariés la réalité, celle d’une société en pleine déroute. Il y a quelques semaines à Libreville, avec un optimisme pour le moins suspect, notre consoeur des ‘’Echos de l’Eco’’ titrait : ‘’Woodbois, un forestier sur lequel il faut compter’’.
Il faut souligner qu’à ce moment, son PDG sponsorisait le tournoi de golf de Libreville, pendant que ses salariés accusaient près de trois mois de retard de salaire. Mais comme les salariés de Woodbois ne jouent pas au golf, personne n’a relevé cette incongruité. Mouila, c’est loin et le sourire de Guido Theuns, presque émouvant tant il paraît sincère, efface tous les doutes de certains journalistes, au point de ne pas chercher à vérifier la situation réelle de cette PME gabonaise.
Les informations qui témoignent du désastre de Woodbois Gabon et de la galère de ses salariés ne manquent pourtant pas, tant elles sont nombreuses et surtout : visibles ! Au final, cet article de pure complaisance, destiné à alimenter les carnets mondains de Libreville, est surtout destiné à être lu par les investisseurs européens et les petits actionnaires. Il ne reflète en rien la situation réelle de cette entreprise. Il s’efforce au contraire et du mieux possible de donner l’impression que la presse économique gabonaise ne tarit pas d’éloge sur cet opérateur. En plus d’être un bon communicant, le PDG est également un bon manipulateur d’opinion. Tant que personne ne vérifie ses boniments, ça marche !
Une communication principalement destinée à des lecteurs et investisseurs européens.
La lecture des communication de WBG et WB Ltd sur les 5 derniers mois permet de constater que l’objectif principal est de préserver, même au prix des mensonges les plus grossiers, le cours des actions de la société. Car celles-ci sont en chute constante. Les actionnaires ont peut-être compris la supercherie, tout comme les membres du Directoire de Londres qui ne peuvent désormais ignorer le désastre en cours au Gabon.
Les actions et la communication de Woodbois, sur son site internet, vis-à-vis des autorités, tout comme de la presse gabonaise interpellent. En effet, on constate des écarts énormes entre les déclarations et les contorsions du PDG pour séduire le milieu décisionnel gabonais et rassurer les actionnaires et investisseurs, et la situation facilement constatée sur le terrain par des observateurs fiables, tout comme par différents représentants des pouvoirs publics.
La société n’a pas encore publié ses résultats financiers sur l’exercice passé, ce qui témoigne de tensions internes au sein du Directoire sur l’attitude à adopter et les mesures à prendre. Cette publication est un acte important pour n’importe quelle société inscrite en bourse. Le PDG prétend attendre un rapport d’audit sur les comptes de 2023, or il dispose de ce document depuis le début du mois de mars 2024. Le contenu de cet audit doit être particulièrement mauvais pour amener le PDG à prétexter que les cabinets d’audit ont de lourdes charges de travail en cette période, ce qui génère des retards. Un mensonge de plus… Un mensonge du même type que de déclarer dans un courrier aux salariés que les retards de règlements résultent de jours fériés bancaires, alors que la réalité est plus simple : la société n’a pas la trésorerie disponible pour payer la totalité de sa main d’oeuvre.
Conclusion
Dans la pratique, les manifestations de ‘’présence’’ de la société au Gabon relèvent surtout du domaine du virtuel et de la communication, mais pratiquement rien de concret ou de solide sur le terrain, malgré de maladroites tentatives de Guido Theuns de passer en force en feignant d’ignorer ses propres manquements et handicaps opérationnels.
Le caractère spéculatif des activités de WB Ltd au Gabon est totalement avéré.
Le comportement singulier de son PDG est sidérant : tout se passe comme si les déboires de l’entreprise ne le concernent pas. Pourtant WBG perd beaucoup d’agent à force de ne pas générer d’activités et d’accumuler les fautes de gestion et de management. Mais Guido Theuns est imperturbable et se pavane dans les salons ministériels ou les cercles privilégiés de la capitale.
Le fait d’avoir détourné la part du sous-traitant en 2023 après règlement par l’État d’un milliard de FCFA interpelle également. Cela n’incite en rien à faire confiance à une entreprise qui n’hésite pas à abuser sciemment ses interlocuteurs officiels, en plus de ses sous-traitants, prestataires et fournisseurs (nombreux sont ceux qui ont été floués par la direction actuelle).
Régulièrement, M. Theuns tente de faire croire que ses déboires sont le résultat d’erreurs de gestion passées, argument irrecevable après plus de 5 mois d’activités, sauf à considérer qu’il est incompétent, ce qui n’est pas le cas. Cela relève d’une simple et efficace stratégie de victimisation, pour détourner l’attention sur son propre comportement. Des actionnaires qui sentent le vent tourner et se posent les bonnes questions.
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