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Delta Synergie : Un audit sans fin… ou une transaction en coulisses ?

IMG La famille Bongo propriétaire de Delta Synergie.

Mars 2024. Le CTRI annonce en grande pompe un audit général de Delta Synergie. Objectif affiché : démanteler un empire économique tentaculaire, symbole des dérives du régime Bongo. L’heure est à la transparence, à la rupture, à la justice. Mars 2025. Silence radio. Pas de conclusions rendues publiques, pas de sanctions annoncées, pas de chiffres dévoilés. L’affaire semble s’être volatilisée, noyée dans les méandres du pouvoir. Alors, où est passé l’audit ? A-t-il révélé trop de vérités dérangeantes ? Ou est-il devenu une simple monnaie d’échange politique entre l’ancien système et les nouvelles autorités ?

 

Un empire trop grand pour tomber ?

Delta Synergie, c’est le coffre-fort du clan Bongo, l’instrument discret d’un enrichissement démesuré, au carrefour des banques, des mines, du pétrole et de l’agro-industrie. Des décennies de collusion avec l’appareil d’État ont fait de cette holding un monstre à plusieurs têtes, dont l’empreinte est partout dans l’économie gabonaise.

 

Toucher à Delta Synergie, c’est ouvrir une boîte de Pandore. Qui a profité ? Qui a aidé ? Qui a fermé les yeux ? L’audit risquait de mouiller bien au-delà du clan Bongo. Résultat : on freine, on tergiverse, on temporise. L’affaire devient un dossier sensible, géré à coup de manœuvres feutrées et de négociations de couloir.

 

L’art du ralentissement : une vieille technique politique. En politique, quand un dossier devient trop explosif, on ne l’abandonne pas, on l’étouffe lentement. On crée des commissions, qui prennent leur temps. On multiplie les procédures, qui allongent les délais. On lâche quelques révélations, pour donner l’illusion d’un progrès.

 

Puis, on attend que l’opinion publique se lasse. Delta Synergie semble suivre ce schéma classique de dilution progressive. Le CTRI n’a pas intérêt à enterrer l’affaire brutalement ce serait reconnaître son échec. Mais il ne peut pas non plus aller au bout sans provoquer des secousses incontrôlables.

 

 

Pendant que l’opinion s’interroge, la famille Bongo, elle, n’est pas restée les bras croisés. Pascaline Bongo et ses alliés auraient tout mis en œuvre pour gagner du temps et protéger les actifs restants. Plus inquiétant encore, des rumeurs persistantes font état d’arrangements discrets entre certaines figures du régime de transition et des proches de l’ancien pouvoir. L’idée ? Trouver un compromis qui ménage les intérêts des uns et des autres. Après tout, dans l’histoire du Gabon, les transitions n’ont jamais signifié des ruptures radicales. Les visages changent, les discours évoluent, mais les réseaux économiques restent.

 

Que restera-t-il de l’audit en 2025 ?

À force de temporisation, l’audit de Delta Synergie pourrait bien finir dans la catégorie des affaires classées sans suite. Un symbole fort mais sans conséquence, un choc annoncé mais jamais survenu. Le peuple gabonais, lui, commence à comprendre la mécanique. On lui avait promis des comptes à rendre, des coupables désignés, une justice économique restaurée. Il assiste à un feuilleton dont le suspense s’effrite à mesure que le temps passe. Alors, Delta Synergie : l’affaire de trop ou l’affaire oubliée ? L’audit révélera-t-il enfin ses conclusions ou finira-t-il dans le grand cimetière des promesses non tenues ? Une chose est sûre : le temps joue contre la vérité.

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